Dans un monde où les documents officiels sont de plus en plus falsifiés, il est crucial de savoir reconnaître un vrai d’un faux certificat médical. Que ce soit pour justifier une absence au travail, obtenir des avantages indus ou échapper à des obligations, l’usage de faux certificats médicaux est malheureusement devenu monnaie courante. Mais attention, les risques encourus sont lourds, tant pour le particulier que pour le médecin qui le délivre.

Employeurs, organismes publics, clubs sportifs… Tous peuvent un jour être confrontés à un certificat médical d’authenticité douteuse. Savoir repérer les signes de falsification permet de se prémunir contre la fraude et ses conséquences. Cet article vous explique tout ce qu’il faut savoir sur les faux certificats médicaux : les différents types de falsification, les risques juridiques, les indices pour les détecter et la marche à suivre en cas de doute. Un sujet sérieux à ne pas prendre à la légère !

Qu’est-ce qu’un certificat médical et à quoi sert-il ?

Avant de parler de falsification, rappelons ce qu’est un certificat médical. Il s’agit d’un document officiel rédigé par un médecin, attestant de l’état de santé d’un patient. Le praticien le délivre après avoir procédé à un examen clinique, que ce soit en consultation physique ou parfois même en téléconsultation.

Un certificat médical est requis dans de nombreuses situations de la vie courante :

Pour justifier une absence au travail
Pour excuser l’absence d’un enfant à l’école
⚽ Pour attester de l’aptitude à la pratique d’un sport
‍ Pour faire valoir des droits liés à un handicap ou une invalidité
Pour justifier d’une contre-indication à une obligation (vaccin, service militaire…)

Ce document engage la responsabilité du médecin qui le rédige. Il doit donc être établi avec sérieux et sincérité, sur la base de constats médicaux avérés. Tout manquement à ces principes est passible de sanctions.

Les différents types de faux certificat médical

Il existe plusieurs façons de falsifier un certificat médical. Certaines relèvent de l’amateurisme tandis que d’autres sont plus élaborées. Mais dans tous les cas, il s’agit d’une pratique frauduleuse destinée à induire en erreur le destinataire du document.

La falsification « artisanale »

La méthode la plus basique consiste à falsifier un vrai certificat médical en modifiant certaines informations après coup :

✏️ Changer la durée des soins ou de l’arrêt de travail prescrit
️ Modifier les dates du certificat
️ Imiter la signature du médecin
️ Scanner un certificat puis faire des retouches avant réimpression

Ces procédés assez grossiers laissent souvent des traces visibles : ratures, différence d’encre, amateurisme du faussaire… Un œil averti les repère assez facilement.

Le faux certificat généré sur ordinateur

Avec les outils de PAO, il est facile de reproduire un certificat en partant d’un modèle vierge scanné ou téléchargé sur Internet. Le faussaire rentre alors lui-même toutes les informations :

Nom et coordonnées d’un médecin (avec ou sans son accord)
Motif médical bidon mais crédible
Dates et durée arrangées à sa convenance

Pour un rendu plus réaliste, il peut même apposer de faux cachets et signatures scannés. Un faussaire habile produira ainsi un « vrai-faux » certificat plus difficile à détecter au premier coup d’oeil.

Le certificat de complaisance

Parfois, c’est le médecin lui-même qui se rend complice en rédigeant un certificat de complaisance. Le praticien atteste alors de faits non conformes à la réalité, sous la pression ou par pure complaisance envers le patient.

Un certificat de complaisance contient des informations mensongères :

Symptômes exagérés voire inventés
Diagnostic de maladie factice
Soins fictifs
Hospitalisation injustifiée
Arrêt de travail de durée exagérée
♿ Invalidité non médicalement constatée

Ces faux certificats sont signés par un « vrai » médecin peu scrupuleux. Très difficiles à déceler, ils n’en restent pas moins illégaux et peuvent valoir de lourdes sanctions à leurs auteurs.

⚠️ Les risques encourus pour faux et usage de faux

En France, le Code pénal est très clair : la fabrication et l’usage de faux documents officiels sont sévèrement punis. Le certificat médical étant un document à forte valeur juridique, sa falsification n’est pas prise à la légère.

Les sanctions pénales

Le faux et l’usage de faux sont définis et réprimés par l’article 441-1 du Code pénal :

3 ans d’emprisonnement
45 000 euros d’amende

Ces peines maximales s’appliquent aussi bien à l’auteur du faux qu’à son utilisateur. Elles peuvent être alourdies dans certains cas, notamment si le faux émane d’une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public (comme un médecin).

Le médecin complice encourt en outre des poursuites pour :

‍⚕️ Manquement au code de déontologie médicale
Complicité de fraude
‍⚖️ Escroquerie
⚖️ Abus de confiance

Les sanctions ordinales et disciplinaires

Au-delà du pénal, le médecin fautif est passible de sanctions prononcées par l’Ordre des médecins :

⚠️ Avertissement
❗ Blâme
Interdiction temporaire ou permanente d’exercer

S’il est salarié, il peut en outre faire l’objet d’une procédure disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement pour faute grave.

Les sanctions financières

La Sécurité sociale est en droit de demander le remboursement des indemnités journalières indûment perçues sur la base d’un faux arrêt de travail. Elle peut infliger une pénalité financière au fraudeur et engager des poursuites.

L’employeur floué peut aussi :

Refuser de payer le salaire de la période d’absence injustifiée
⚖️ Réclamer le remboursement des sommes versées
Demander des dommages et intérêts

Enfin, si un accident survient lors d’une activité sportive avec un faux certificat médical, l’assurance peut refuser de prendre en charge les frais et indemnités. Le fraudeur devra alors payer les soins de sa poche !

️ Les indices qui doivent alerter sur un faux certificat

Maintenant que les risques sont posés, voyons comment détecter un faux certificat médical. Certains indices doivent attirer votre attention et vous pousser à procéder à des vérifications.

Des incohérences dans la forme

Un certificat médical doit répondre à des normes précises. Tout manquement à ces règles peut être le signe d’un faux. Voici les points de vigilance :

Absence du nom, de l’adresse et de la qualification du médecin
Numéro RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé) manquant
Date incomplète ou incohérente
️ Signature imitée ou photocopiée
✒️ Écriture qui semble contrefaite
️ Ratures, surcharges, traces de copier-coller
️ Reproduction grossière des logos et cachets officiels

Des informations médicales douteuses

Le contenu même du certificat peut semer le doute, par exemple :

Termes médicaux imprécis, incorrects ou incohérents
Motif médical vague ne justifiant pas l’arrêt ou les soins prescrits
Durée d’arrêt de travail excessive par rapport à la pathologie
♿ Incapacité ou invalidité fantaisistes au regard de l’état de santé de la personne

Un médecin inconnu ou peu fiable

Le nom du médecin signataire peut aussi mettre la puce à l’oreille :

‍⚕️ Praticien inconnu dans le secteur géographique
Médecin soi-disant rattaché à un établissement mais sans lien avéré
Professionnels radié ou ayant fait l’objet de condamnations
Identité inventée de toute pièce

Que faire en cas de doute sur un certificat médical ?

Si un ou plusieurs indices vous font suspecter un faux, ne restez pas sans réagir. Vous avez le droit et le devoir de procéder à des vérifications pour en avoir le cœur net.

Authentifier les informations

Pour vous assurer que le document est authentique, vous pouvez :

‍⚕️ Contacter directement le médecin signataire pour lui demander confirmation
Vous renseigner auprès de la structure de soins mentionnée
Vérifier le numéro RPPS du médecin sur le site de l’Assurance maladie
Faire des recherches sur le praticien, voir s’il existe vraiment

Attention cependant à respecter le secret médical. Le médecin n’est pas tenu de vous révéler les détails de santé de son patient. Le mieux est de procéder par questions fermées (oui/non).

En parler au principal intéressé

Que vous soyez employeur, représentant d’un club sportif ou agent public, n’hésitez pas à demander des comptes à la personne qui vous a remis le certificat suspect.

Convoquez-la à un entretien et expliquez lui les raisons de vos doutes. Ne portez pas d’accusation prématurée et laissez lui la possibilité de s’expliquer. Il peut s’agir d’une erreur involontaire, d’une incompréhension. Face à vos arguments, le fraudeur pourra aussi reconnaître les faits, ce qui vous évitera d’autres démarches.

Signaler la fraude aux autorités compétentes

Si vos soupçons se confirment, vous pouvez :

Porter plainte pour faux et usage de faux
⚕️ Signaler le certificat à l’Ordre des médecins si un praticien est complice
Informer la Sécurité sociale pour les arrêts maladie frauduleux

Vous n’avez aucune obligation de donner suite vous même. Mais en agissant vous contribuez à dissuader les fraudeurs et à préserver le système de protection sociale. C’est un acte citoyen !

Médecins : comment se prémunir des dérives ?

En tant que médecin, vous pouvez aussi être confrontés à des demandes de certificats frauduleux. Quelques conseils pour ne pas vous faire piéger.

Connaitre les règles et s’y tenir

N’établissez un certificat médical qu’après avoir vu et examiné le patient
Rédigez vous-même le document, évitez les formulaires pré-remplis
Soyez précis et factuel dans les termes employés
️ Évitez les jugements de valeur ou affirmatifs sans élément médical tangible

En cas de doute sur ce que vous pouvez ou devez écrire, rapprochez vous de votre Conseil de l’Ordre ou de votre assureur en responsabilité civile professionnelle. Ils sauront vous conseiller.

Savoir dire non aux demandes abusives

Un patient insistant pour obtenir un certificat de complaisance ? Ne cédez pas à la facilité par peur de le froisser. Prenez le temps d’expliquer pourquoi vous ne pouvez accéder à sa demande et rappelez lui les risques encourus.

Si besoin, n’hésitez pas à :

‍♀️ Refuser d’établir un document qui irait à l’encontre de vos constats
Mettre fin à la relation médecin-patient si la confiance est rompue

Protéger vos documents

Les faussaires peuvent usurper votre identité pour produire des certificats médicaux en votre nom, à votre insu.

Pour limiter ce risque :

Sécurisez l’accès à vos ordonnanciers et imprimés officiels
️ Détruisez les exemplaires non utilisés ou les brouillons
️ Soyez vigilant en cas de perte ou de vol

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