La fraude à l’examen du code de la route prend des proportions inquiétantes en France. Selon le Syndicat national des inspecteurs du permis de conduire (Snica-FO), près de 40% des candidats auraient triché pour obtenir leur code. Un chiffre effarant qui signifie qu’un permis sur deux ne serait pas valable !

Une fraude en hausse depuis la privatisation de l’examen en 2016

D’après le Snica-FO, cette recrudescence de la triche est liée à l’externalisation de l’épreuve du code en 2016. Auparavant géré par l’État, l’examen est désormais confié à des sociétés privées agréées comme La Poste, SGS ou Dekra. Si cette réforme visait à augmenter le nombre de places d’examen et réduire les délais de passage, elle s’est aussi accompagnée d’un certain laxisme dans le contrôle des candidats.

Les témoignages de moniteurs d’auto-école sont édifiants. Beaucoup s’aperçoivent lors des leçons de conduite que leurs élèves ne maîtrisent absolument pas les bases du code, alors qu’ils sont censés l’avoir obtenu. Certains ignorent la signification des panneaux ou les règles élémentaires de priorité. Un constat alarmant qui prouve que bon nombre de candidats ont réussi l’examen théorique sans en avoir les connaissances requises.

Identité non contrôlée, matériel non confisqué… Les centres d’examen pointés du doigt

Comment une telle fraude est-elle possible ? Les centres d’examen, submergés par l’afflux de candidats, se montrent parfois peu regardants sur le respect des procédures. C’est ce que relate un jeune homme ayant récemment passé son code. Il raconte avoir planché dans une petite salle à l’arrière d’un magasin de téléphonie, sans qu’on lui demande de justifier son identité. Pire, il a pu garder son smartphone avec lui pendant l’épreuve sans qu’on le lui confisque.

Ces manquements favorisent la triche sous toutes ses formes : usurpation d’identité en se faisant remplacer par une autre personne, utilisation du téléphone pour chercher les réponses sur internet, anti-sèches, etc. Des pratiques frauduleuses facilitées par le laxisme de certains centres.

Pourtant, le protocole est strict et les modalités de surveillance de l’examen très encadrées. La Poste, qui organise des sessions du code dans ses bureaux partout en France, applique ces règles à la lettre. Contrôle d’identité obligatoire, confiscation des effets personnels, présence permanente d’un examinateur dans la salle… Tout est fait pour garantir le bon déroulement des épreuves.

Mais visiblement, tous les centres agréés ne sont pas aussi rigoureux. Les examinateurs, souvent des auto-entrepreneurs précaires, peuvent être tentés de fermer les yeux sur certaines pratiques. Et les contrôles diligentés par l’État semblent insuffisants pour endiguer la fraude.

️ Détecter un faux code de la route : mode d’emploi

Si vous êtes moniteur d’auto-école, employeur ou simplement usager de la route, vous pouvez être confronté à un faux code. Alors comment démasquer la fraude ? Voici quelques indices qui doivent vous alerter :

Des lacunes énormes en matière de règles de conduite

Un élève incapable de répondre aux questions les plus basiques sur le code est suspect. S’il ne connaît pas la limitation de vitesse sur autoroute ou la signification d’un feu rouge clignotant, il y a de fortes chances que son code ait été obtenu frauduleusement.

Attention toutefois à ne pas tirer de conclusions hâtives. Certaines personnes peuvent avoir des trous de mémoire, surtout si elles ont passé l’examen depuis longtemps. Mais des lacunes récurrentes et sur des notions élémentaires ne trompent pas.

Une attestation de réussite douteuse

Vérifiez bien l’attestation de réussite à l’examen du code fournie par le candidat. De faux documents circulent, réalisés de manière plus ou moins grossière via des logiciels de retouche d’image.

Soyez attentif aux incohérences : fautes d’orthographe, mise en page approximative, informations manquantes, etc. La mention « favorable » doit aussi concorder avec le nombre de points obtenus (au moins 35/40).

En cas de doute, n’hésitez pas à contacter le centre d’examen mentionné sur l’attestation pour vérifier son authenticité. Seules les sociétés agréées par l’État sont habilitées à faire passer l’ETG (épreuve théorique générale) du code de la route.

Un résultat non enregistré dans le fichier national des permis de conduire

Pour écarter tout soupçon de fraude, vous pouvez aussi vérifier si l’attestation de réussite du candidat est bien inscrite au FNPC (fichier national des permis de conduire). Ce répertoire centralise toutes les étapes du parcours des conducteurs : examen du code, du permis, solde de points, etc.

Il est consultable en ligne par les auto-écoles et les forces de l’ordre via le portail de l’ANTS (Agence nationale des titres sécurisés). Si l’obtention du code n’y est pas mentionnée alors que le candidat prétend l’avoir réussi, c’est très louche !

Faux code de la route : quels risques en cas de contrôle routier ?

Circuler avec un faux permis est un délit passible de lourdes sanctions. Si la supercherie est avérée lors d’un contrôle routier, le faux permis est immédiatement retiré et le conducteur verbalisé. Pour rappel, conduire sans permis valide est puni de 15 000 € d’amende et d’un an d’emprisonnement.

Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour le fraudeur. Son véhicule peut aussi être immobilisé voire confisqué par les forces de l’ordre. Quant à son permis, il risque d’être invalidé ou suspendu s’il a été obtenu à la suite d’un faux code. Il devra alors tout repasser dans les règles pour récupérer son précieux sésame.

Au-delà de ces sanctions, conduire sans maîtriser les règles du code représente un danger pour soi-même et les autres usagers. Les lacunes des conducteurs en matière de signalisation sont à l’origine de nombreux accidents. C’est pourquoi la lutte contre la fraude à l’examen revêt un tel enjeu de sécurité routière.

Un recours en cas de soupçon : l’enquête administrative

Si vous avez des doutes sur la validité du code d’une personne, vous pouvez saisir la commission administrative de son lieu de résidence. Placée sous l’égide du préfet, celle-ci a le pouvoir de diligenter une enquête pour vérifier le parcours du conducteur.

Des vérifications sont alors lancées auprès des auto-écoles et centres d’examen mentionnés par le mis en cause. S’il s’avère que celui-ci a obtenu indûment son code, une procédure de retrait de permis peut être engagée à son encontre. Il devra alors repasser l’épreuve dans un centre agréé pour récupérer son droit de conduire.

Bien sûr, un simple doute ne suffit pas à enclencher une telle procédure. Mais si vous avez de sérieux soupçons étayés par des éléments tangibles (attestation suspecte, lacunes manifestes du conducteur…), n’hésitez pas à alerter les autorités compétentes. C’est un acte citoyen qui contribue à renforcer la sécurité sur les routes.

Les réseaux de fraude au code : un business juteux

Acheter son code au noir sans passer l’examen est un phénomène tristement répandu. Poussés par l’appât du gain, des individus peu scrupuleux se sont spécialisés dans le trafic de faux codes et de permis. Moyennant plusieurs centaines d’euros, ils promettent une réussite garantie à l’épreuve théorique.

Le mode opératoire est relativement simple. Les fraudeurs récupèrent les codes d’accès aux sessions d’examen de candidats fictifs auprès de certains centres peu regardants. Ils les revendent ensuite à prix d’or à des personnes prêtes à payer pour obtenir le précieux sésame, sans passer par la case révisions.

Le jour J, soit le « vrai » candidat se présente à l’examen à la place du titulaire légitime du code d’accès, soit le centre fermera les yeux sur l’absence de vérifications d’identité. Dans les deux cas, le tour est joué. L’attestation de réussite est éditée au nom de l’acheteur et celui-ci peut passer tranquillement l’épreuve pratique du permis.

Des filières organisées qui prolifèrent sur les réseaux sociaux

Ce business illégal, particulièrement lucratif, attire les convoitises. De véritables filières se sont mises en place, animées par des faussaires chevronnés et des hackeurs capables de s’introduire dans le système informatique des centres d’examen. Vendeurs et acheteurs de faux codes se retrouvent dans des groupes privés sur les réseaux sociaux.

Sur Snapchat, Instagram ou WhatsApp, les offres fleurissent à grand renfort d’émoticônes et de tarifs alléchants. Le discours est bien rodé : réussite assurée sans stress et délais d’attente, le tout pour un tarif défiant toute concurrence ! Certaines de ces annonces affichent même sans complexe la mention « code acheté ».

Bien sûr, les forces de l’ordre traquent ces trafiquants du net, épaulées par les signalements des internautes. Mais le phénomène a pris une ampleur difficile à endiguer au vu du nombre de candidats prêts à frauder et de la porosité de certains centres d’examen. Seul un durcissement des contrôles sur l’ensemble de la chaîne du permis pourra inverser la tendance.

Réussir son code sans tricher : les bons conseils

Plutôt que de recourir à des pratiques illégales, il est évidemment préférable de mettre toutes les chances de son côté pour réussir l’examen du code honnêtement. Cela demande des efforts et un minimum de sérieux, mais c’est à la portée de tous. Voici quelques conseils pour décrocher votre code dans les règles de l’art :

Bien choisir son auto-école ou son centre de formation

Un bon établissement doit vous fournir des cours de qualité mais aussi un accompagnement personnalisé. Les moniteurs sont là pour répondre à vos questions, cibler vos lacunes et vous coacher jusqu’au jour J. Privilégiez si possible une école qui propose un suivi post-examen en cas d’échec.

Par ailleurs, vérifiez que l’auto-école ou le centre choisi dispose bien d’un agrément préfectoral et qu’il travaille avec des organismes habilités pour l’organisation des examens du permis et du code. Une précaution essentielle pour éviter les mauvaises surprises !

S’entraîner régulièrement sur des annales et des tests blancs

C’est LA clé de la réussite : réviser encore et encore jusqu’à maîtriser parfaitement les questions susceptibles de tomber le jour de l’examen. Un grand nombre de sites et d’applications proposent des séries de tests pour vous entraîner gratuitement ou pour une somme modique.

L’idéal est de plancher sur des annales récentes, mises à jour après la dernière réforme de l’épreuve théorique. Visez au moins 40 heures de révisions au total, réparties de manière régulière sur plusieurs semaines. N’hésitez pas à refaire plusieurs fois les mêmes séries pour ancrer les bonnes réponses dans votre mémoire.

Planifier l’examen au bon moment

Lorsque vous vous sentez fin prêt, inscrivez-vous à une session du code en choisissant bien votre date. Évitez les périodes de stress ou de fatigue intense qui risqueraient de vous déconcentrer. Prévoyez votre examen à un moment où vous serez pleinement disponible, l’esprit libre pour donner le meilleur de vous-même.

Le matin est souvent conseillé car c’est généralement là qu’on est le plus en forme. Mais si vous êtes du genre couche-tard, rien ne vous empêche d’opter pour un créneau l’après-midi. L’essentiel est de composer dans les meilleures conditions possibles, avec énergie et sérénité.

Le jour J, prenez le temps d’arriver en avance sur le lieu d’examen pour repérer les lieux et apaiser votre stress. Avant d’entrer en salle, respirez un bon coup et pensez à tous ces tests blancs que vous avez réussis haut la main. Si vous avez travaillé sérieusement, il n’y a aucune raison que ça se passe mal !

Réforme du permis : des mesures pour endiguer la fraude

Face à l’ampleur de la fraude, les pouvoirs publics commencent à réagir. Plusieurs mesures ont été annoncées pour durcir les conditions de passage de l’examen et renforcer les contrôles sur les centres agrées. Tour d’horizon des principales dispositions à venir :

Mieux encadrer les conditions d’agrément des centres d’examen

Pour devenir centre d’examen agréé, les candidats devront répondre à un cahier des charges plus strict. Les exigences en termes de moyens humains et matériels seront relevées, avec notamment l’obligation de disposer d’un nombre suffisant d’examinateurs qualifiés et d’équipements informatiques sécurisés.

L’agrément ne sera délivré qu’après une enquête administrative approfondie, avec une vigilance particulière sur les centres faisant l’objet de signalements ou identifiés comme défaillants lors des contrôles. L’objectif est d’évincer les « moutons noirs » qui profitent du système par appât du gain, au détriment de la sécurité routière.

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