Mythe : les crocodiles pleurent en mangeant — une image qui colle aux esprits depuis le Moyen Âge et qui a même nourri des métaphores sur l’hypocrisie. On imagine volontiers le reptile, la gueule ensanglantée, versant des larmes de remords après le festin. Pourtant, derrière cette scène dramatique se trouve une explication bien moins morale et beaucoup plus physiologique. Les textes anciens — de Sir John Mandeville à Shakespeare — ont forgé l’expression « larmes de crocodile », mais les observations modernes et les vidéos de biologistes montrent que ces sécrétions ont une fonction et une origine anatomique claires. Les crocodiliens possèdent des glandes lacrymales, une membrane nictitante et des glandes spécialisées (Harder) qui interviennent pour protéger et lubrifier l’œil, surtout lors d’un repas agité. Des chercheurs ont filmé ces animaux pendant l’alimentation et noté des écoulements, de la mousse, parfois de l’écume — moins du chagrin que de la mécanique cranio-faciale. Pour garder le fil, suivez Marc, gardien d’un parc animalier, qui observe depuis vingt ans ces comportements : pour lui, ce sont des « éclaboussures fonctionnelles », pas des sermons sur la morale. Bref, le phénomène existe, mais sa lecture émotionnelle est une fausse piste — et c’est souvent la meilleure histoire qui gate la vérité. Insight : comprendre la physiologie évite d’attribuer trop vite des sentiments humains aux animaux sauvages.
- Mythe : les crocodiles pleurent par remords.
- Réalité : des larmes existent, elles sont d’origine physiologique.
- Causes : pression mécanique, réflexe gustatif-lacrymal, protection de l’œil, gestion du sel.
- Expression « larmes de crocodile » reste pertinente au figuré, mais pas au littéral émotionnel.
- Cas humain analogue : hyperlacrimation liée à l’alimentation (syndrome des « larmes de crocodile »).
Pourquoi le mythe des crocodiles qui pleurent a survécu
La croyance est ancienne : dès le XIIIe siècle, des voyageurs et écrivains décrivent des « crocodiles pleureurs » qui attireraient les hommes par de fausses lamentations. Ces récits, relayés par la littérature (Shakespeare, entre autres), ont figé une image puissante.
Sur le plan culturel, l’histoire séduit parce qu’elle synthétise la peur et la duplicité — un bon récit expliquant facilement un comportement animal complexe. Marc, le gardien, raconte qu’il entend encore des visiteurs prononcer « larmes de crocodile » dès qu’un spécimen avale sa proie. Insight : les mythes sont souvent des raccourcis narratifs qui masquent des mécanismes biologiques.

Observations scientifiques : que montrent les études sur le comportement animal ?
Des biologistes ont filmé et étudié des alligators, caïmans et crocodiles en train de manger. Kent Vliet et le Dr D. Malcolm Shaner ont documenté, au début des années 2000, des écoulements lacrymaux pendant l’alimentation. Certains spécimens produisaient même de la mousse autour des yeux.
Les chercheurs ont conclu que ces larmes résultent principalement de forces mécaniques et de réflexes, pas d’une émotion comparable au regret humain. Insight : l’éthologie moderne privilégie l’explication fonctionnelle plutôt que l’anthropomorphisme.
Mécanismes physiologiques expliqués
Plusieurs pistes convergent :
- Pression mécanique : la contraction des muscles masticateurs et la pression sur les glandes lacrymales poussent les larmes hors des canaux.
- Réflexe gustatif-lacrymal : l’action respiratoire et les souffles lors du repas stimulent la sécrétion lacrymale.
- Protection : les larmes aident à éviter que débris, sang ou eau trouble n’abîment la cornée pendant la lutte avec la proie.
- Équilibre osmotique : chez certaines espèces vivant en eau salée, des sécrétions spécialisées éliminent l’excès de sel.
Ces explications sont complémentaires — selon l’espèce et la situation, l’un ou l’autre mécanisme prédomine. Insight : il s’agit d’un ensemble de fonctions protectrices et mécaniques, pas d’un signal émotionnel.

Anatomie utile : glandes et membranes
Les crocodiliens possèdent plusieurs structures clés : une glande lacrymale classique, une troisième paupière transparente (membrane nictitante) et les glandes de Harder qui sécrètent une larme huileuse. Ces éléments servent à lubrifier et protéger l’œil, notamment en milieu salé ou trouble.
La synthèse : les crocodiles pleurent au sens où ils sécrètent des larmes, mais la fonction est avant tout physiologique. Insight : la forme — larmoyante — existe, le sens émotionnel non.
| Structure | Localisation | Fonction principale |
|---|---|---|
| Glande lacrymale | sous le toit orbital | lubrification et nettoyage de l’œil |
| Membrane nictitante | troisième paupière | protection et vision sous l’eau |
| Glandes de Harder | bord antérieur de la membrane nictitante | sécrétion huileuse, protection osmotique |
Pour qui veut creuser davantage la biologie et la reproduction des crocodiles, des ressources vulgarisées offrent des dossiers complets sur l’anatomie et les comportements de ces reptiles.
Cas concrets : observations, vidéos et témoignages
Les vidéos de terrain montrent parfois de la mousse autour des yeux — phénomène lié à l’air expulsé par les sinus pendant la déglutition et à la production lacrymale. Marc, le gardien, a filmé à plusieurs reprises ces éclaboussures pendant les nourrissages publics.
Certains experts, comme Adam Britton, notent aussi que la simple rotation violente de la tête peut faire couler des larmes accumulées sous l’œil. Insight : c’est souvent le mouvement et la mécanique qui expliquent ce que l’imagination transforme en émotion.

Quand observe-t-on des larmes chez un crocodile ?
- Pendant la mastication violente d’une proie.
- Lors de secousses ou rotations brusques de la tête.
- En milieu salé, quand la régulation du sel est sollicitée.
- Lors d’irritations (sable, débris) nécessitant une protection accrue de l’œil.
Observation clef : la présence de larmes est liée au contexte mécanique et environnemental, pas à une émotion comparable à la tristesse humaine. Insight : savoir repérer le contexte évite les interprétations hâtives.
L’expression « larmes de crocodile » et l’anthropomorphisme
Du côté linguistique et social, l’expression reste utile pour désigner une fausse croyance d’émotion simulée. Elle véhicule l’idée de remords feint, alors que la biologie montre une autre réalité.
Cette tension entre langage et science illustre une leçon plus large : attribuer des états mentaux humains à des animaux sauvages prête à confusion et peut brouiller la compréhension du comportement animal. Insight : la métaphore survit, la lecture littérale non.
différence entre crocodile et alligator
Un parallèle humain surprenant
Il existe un trouble médical surnommé « syndrome des larmes de crocodile » (hyperlacrimation induite par l’alimentation) où des patients pleurent en mangeant, souvent après une lésion nerveuse comme une paralysie faciale. Des cas cliniques documentés montrent qu’une injection de Botox dans la glande lacrymale peut réduire ce symptôme.
Une patiente britannique a ainsi vu ses larmes alimentaires disparaître après traitement, preuve que même chez l’humain le lien entre nerfs et larmes peut être purement mécanique. Insight : l’analogie étymologique trouve ici une résonance médicale, mais pas émotionnelle.
régimes alimentaires des animaux
Ce que retenir — faits saillants vérifiés
Les points à garder en tête :
- Les crocodiles peuvent produire des larmes pendant qu’ils mangent, mais ce n’est pas un signe de tristesse.
- Les sécrétions proviennent de glandes lacrymales et des glandes de Harder, associées à des fonctions protectrices.
- La littérature ancienne a transformé une observation physiologique en une métaphore morale.
- Le syndrome humain analogue confirme que des larmes peuvent résulter d’une mécanique nerveuse, pas d’une émotion.
Pour ceux qui aiment les curiosités naturalistes et les noms d’animaux, une petite lecture sur le nom du bébé du crocodile et d’autres anecdotes permet de replacer l’animal dans son contexte biologique et culturel. Insight : la vérité biologique est souvent plus nuancée et intéressante que la légende.
Les crocodiles pleurent-ils vraiment en mangeant ?
Oui, on observe parfois des écoulements lacrymaux lors de l’alimentation, mais il s’agit d’un phénomène physiologique lié à l’anatomie et aux mouvements, pas d’un signe de tristesse ou de remords.
D’où viennent ces larmes chez les crocodiliens ?
Elles proviennent essentiellement des glandes lacrymales et des glandes de Harder; la pression mécanique et le réflexe respiratoire pendant le repas poussent ces sécrétions à s’écouler.
Pourquoi on parle d’« larmes de crocodile » pour désigner une fausse émotion ?
L’expression vient des récits anciens qui ont interprété une observation physiologique comme une émotion humaine. Elle est restée comme métaphore de l’hypocrisie.
Un humain peut-il pleurer en mangeant comme un crocodile ?
Oui : le « syndrome des larmes de crocodile » (hyperlacrimation induite par l’alimentation) existe et est généralement dû à une lésion nerveuse. Des traitements ciblés, comme des injections de Botox, peuvent aider.
