En 2022, pas moins de 376 000 faux billets en euros ont été retirés de la circulation selon la Banque Centrale Européenne (BCE), soit une hausse de 8,4% par rapport à 2021. Bien que la probabilité de tomber sur une contrefaçon reste très faible (on compte en moyenne 13 faux billets par million de vrais billets), il est important de savoir vérifier l’authenticité d’un billet. Les coupures de 20€ et 50€ sont les plus souvent imitées et représentent près de deux tiers des saisies.

Rassurez-vous, il existe des astuces simples et efficaces, à la portée de tous, pour détecter un faux billet. La méthode officielle recommandée par la BCE est la méthode TRI, qui consiste à Toucher, Regarder et Incliner le billet. Grâce à quelques gestes et une observation attentive, vous pourrez authentifier une coupure en quelques secondes seulement, sans matériel spécifique.

Nous vous expliquons tout en détail dans cet article, pour que vous deveniez incollable sur le sujet. Vous apprendrez également la conduite à tenir en cas de doute sur un billet, et pourquoi il ne faut surtout pas chercher à remettre en circulation une contrefaçon ! Suivez le guide.

️ Toucher le billet : une texture unique

La première étape pour reconnaître un vrai billet consiste à porter attention à la texture du papier. Contrairement à une simple feuille de papier, le papier-monnaie utilisé pour les billets est composé à 100% de fibres de coton. Cela lui confère des propriétés spécifiques que vous pouvez facilement ressentir sous vos doigts :

✔️ Une texture ferme et craquante

Lorsque vous manipulez un vrai billet, vous devez sentir que le papier est épais, ferme et légèrement craquant. Il ne doit pas être mou ou trop souple comme du papier classique. C’est le signe d’un papier de haute qualité aux fibres denses.

Un faux billet aura généralement une texture plus lisse, plus fine et moins «  »vivante » ». Le papier pourra aussi paraître cireux ou plastifié, ce qui n’est jamais le cas pour un vrai billet.

✔️ Des impressions en relief

Sur un vrai billet, certaines zones comportent des impressions en relief, réalisées par un procédé d’impression spécifique appelé taille-douce. Il s’agit d’un système d’impression qui dépose une couche d’encre plus épaisse, créant un effet tactile.

Pour le vérifier, passez doucement votre doigt, ou votre ongle, sur les zones suivantes :

  • Le motif principal et les grands chiffres de la valeur (au centre)
  • Les fines lignes sur les bordures
  • La bande holographique (petites coupures) ou la pastille argentée (grosses coupures)

Vous devez alors sentir ces éléments en léger relief sur un vrai billet. Les faux billets n’ont généralement pas ces impressions en taille-douce, le relief sera absent ou beaucoup moins marqué. C’est un signe qui ne trompe pas !

Regarder le billet par transparence : 4 éléments clés

La seconde étape de la méthode TRI consiste à observer le billet par transparence, en le plaçant devant une source lumineuse. Un vrai billet comporte plusieurs éléments de sécurité visibles en transparence, qui sont presque impossibles à imiter pour les faussaires :

✔️ Le filigrane

Lorsque vous regardez votre billet par transparence, vous devez voir apparaître un portrait d’Europe (figure mythologique grecque) visible des deux côtés du billet. Ce portrait est réalisé par variation d’épaisseur du papier lors de la fabrication. Les zones plus fines laissent passer davantage la lumière et apparaissent plus claires.

Sur un faux billet, le filigrane sera souvent absent, ou grossièrement imité par une impression pâle uniquement visible sur une face. Un vrai filigrane est visible des deux côtés et présente des nuances de gris détaillées.

✔️ Le fil de sécurité

Un fil sombre traverse le billet de part en part. Si vous inclinez le billet, vous remarquerez que ce fil devient légèrement iridescent, avec des reflets colorés. En regardant attentivement, vous verrez inscrit sur ce fil, en tout petit, la valeur du billet et le symbole €.

Les faussaires ne peuvent pas incruster ce fil à l’intérieur du papier. Au mieux, ils l’imitent par une bande imprimée en surface qui s’effacera vite. Le fil d’un vrai billet fait partie intégrante du papier.

✔️ La transvision

En haut à gauche du billet (côté recto), un chiffre indique la valeur de la coupure. Si vous retournez le billet (côté verso), un autre chiffre incomplet apparaît au même endroit. Lorsque vous placez le billet devant une source de lumière, les deux parties du chiffre se complètent parfaitement pour ne former qu’un seul nombre.

C’est très difficile à reproduire pour les contrefacteurs ! Sur un faux billet, cet élément sera souvent absent. S’il est présent, les deux parties ne seront pas parfaitement alignées ou le chiffre sera flou.

✔️ Le nombre émeraude

Toujours en bas à gauche, mais cette fois sur le côté verso du billet, se trouve un nombre imprimé avec une encre spéciale aux reflets vert émeraude. Lorsque vous inclinez le billet, ce nombre change de couleur et passe au bleu profond !

Une variation chromatique aussi nette est un signe distinctif d’un vrai billet. Les encres des faux billets ne permettent pas un tel changement de teinte.

↕️ Incliner le billet : des images changeantes

La dernière étape consiste à faire jouer la lumière sur le billet en l’inclinant doucement de haut en bas. Vous verrez alors apparaître des images changeantes, preuve que le billet est authentique.

✔️ L’hologramme

Sur les billets de 5€, 10€ et 20€, une bande argentée est présente sur le côté droit. Sur les coupures de 50€, 100€ et 200€, il s’agit d’une pastille argentée.

Lorsque vous inclinez doucement le billet, ces éléments holographiques révèlent en alternance le portrait d’Europe et le chiffre de la valeur du billet. Vous remarquerez aussi des arcs de cercle multicolores autour du chiffre.

Reproduire un hologramme aussi détaillé et animé est un véritable défi pour les faussaires. La plupart du temps, les faux billets ne présentent qu’une bande métallisée sans aucun mouvement ou dessin distinct.

✔️ Le nombre émeraude vu sous un autre angle

Comme indiqué précédemment, le nombre émeraude change de couleur lorsqu’on incline le billet. Mais ce n’est pas tout ! Le chiffre devient également légèrement brillant et semble se déplacer dans un effet de relief.

Ce jeu de lumière subtil est impossible à imiter parfaitement sur les fausses coupures. Vous ne verrez rien bouger dans l’encre.

Voilà, vous connaissez désormais les principaux points de contrôle pour reconnaître un vrai billet d’un coup d’oeil. Avec un peu d’entraînement, vérifier ces éléments de sécurité deviendra un réflexe.

Si malgré tout un doute subsiste sur l’authenticité d’un billet, le mieux est encore de le montrer à votre banquier. Il possède l’oeil expert et les outils nécessaires, comme une lampe UV, pour faire toute la lumière sur la question.

❌ Que faire si vous détectez un faux billet ?

Si un billet vous paraît suspect et que vous avez de sérieux doutes sur son authenticité après avoir appliqué la méthode TRI, voici la conduite à tenir :

  1. Ne cherchez surtout pas à remettre le billet en circulation ! Même si vous l’avez reçu de bonne foi, utiliser un faux billet est considéré comme un délit de faux monnayage, passible d’une amende de 7500 € (article 442-7 du Code Pénal).
  2. Rendez-vous dans votre banque ou directement auprès de la Banque de France avec le billet suspect. S’il s’avère qu’il s’agit bien d’une contrefaçon, le billet sera immédiatement saisi et détruit.
  3. Malheureusement, vous ne serez pas remboursé de la valeur du faux billet. La Banque de France vous remettra juste un reçu attestant de sa saisie. Conservez-le précieusement car il peut vous servir de justificatif, notamment pour des déductions fiscales si vous êtes commerçant.
  4. Si le faux billet provient d’un retrait dans un distributeur automatique ou au guichet de votre banque, vous pouvez tenter de faire jouer sa responsabilité. Il vous faudra alors prouver formellement que le billet provient bien de ce retrait précis. Les chances d’obtenir gain de cause sont minces mais des recours existent.
  5. Pensez à signaler la présence du faux billet aux forces de l’ordre, en déposant une main courante. Votre témoignage, s’il est recoupé avec d’autres, peut permettre de remonter une filière de faussaires. C’est un acte citoyen important.

Même si le préjudice d’un faux billet est difficilement réparable pour un particulier, il ne faut pas hésiter à le retirer de la circulation. Vous éviterez ainsi sa propagation et limiterez les risques pour l’ensemble de la société.

Les outils pour détecter les faux billets

Si vous êtes commerçant, ou que vous manipulez régulièrement de grosses sommes en espèces, vous pouvez investir dans des outils spécialisés pour repérer plus facilement les faux billets :

️ Le stylo détecteur

C’est l’outil le plus simple et le moins cher (comptez 5€ en moyenne). Le stylo contient un réactif chimique qui change de couleur au contact du papier normal.

Pour l’utiliser, il suffit de faire un trait discret sur le billet. Si le trait reste incolore, sans changement notable, le billet est probablement authentique. Si le trait vire au noir ou à une couleur sombre, méfiance, il s’agit sans doute d’un faux !

Le stylo détecteur n’est cependant pas infaillible à 100%. Certains faux billets de bonne facture peuvent passer entre les mailles du filet. Cet outil reste intéressant en complément d’une vérification manuelle.

La lampe UV

Plus précise que le stylo, la lampe UV permet de détecter les filigranes et les fibres fluorescentes intégrées au papier des vrais billets. Comptez 30 € en moyenne pour un modèle fiable.

Sous la lumière UV, un vrai billet révèle :

Des fibres colorées (bleues, rouges, vertes) réparties sur toute la surface
La fluorescence de certaines zones (étoiles du drapeau européen, chiffre de la valeur, signature)
Sur les coupures de 100€ et 200€, la fluorescence du nombre émeraude

Faciles à utiliser, transportables, les lampes UV sont un bon investissement. Il existe aussi des modèles combinés avec une lumière blanche pour visualiser les filigranes même sans UV.

️ Les détecteurs automatiques

Idéals si vous recevez un grand nombre de billets chaque jour, les détecteurs automatiques scannent le billet inséré et vérifient électroniquement plusieurs points de sécurité en quelques secondes à peine.

Ils intègrent généralement :

  • Un test UV pour les filigranes fluorescents
  • Un test IR pour les impressions à l’encre infrarouge
  • Un test magnétique pour les encres magnétisables
  • Un test de format pour les dimensions du billet

Si le billet est jugé suspect, l’appareil émet un signal sonore et visuel. Son verdict est fiable à plus de 99%. Il peut aussi compter les billets et détecter les coupures de différentes devises selon les modèles.

Les prix varient de 80€ pour un détecteur d’entrée de gamme à plusieurs centaines d’euros pour les appareils les plus perfectionnés. Un investissement vite rentabilisé !

Fiez-vous en priorité à votre sens de l’observation et votre toucher en appliquant la méthode TRI. Les outils ne doivent être qu’une aide ponctuelle en cas de doute.

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