L’Afrique suscite aujourd’hui beaucoup d’intérêt et d’interrogations sur le plan économique. Riche en ressources naturelles et humaines, mais confronté à de nombreux défis, le continent poursuit sa mutation économique et politique. Tour d’horizon des forces et faiblesses d’une économie africaine en pleine évolution.

Les atouts de l’Afrique

L’Afrique possède de nombreux atouts économiques :

  • Des ressources naturelles considérables, avec 30% des réserves minérales mondiales, dont 75% des réserves de platine et 50% de celles de diamant et de chrome.
  • 10% des réserves mondiales de pétrole et 8% de celles de gaz naturel.
  • D’abondantes terres agricoles disponibles.
  • Une population jeune et en forte croissance, porteuse d’un potentiel de consommation et de production important.
  • Des taux de croissance économique soutenus depuis le début du XXIe siècle, autour de 5% par an pour la production réelle.

Les grandes puissances économiques d’Afrique subsaharienne

En 2017, la République démocratique du Congo est l’économie la plus importante d’Afrique subsaharienne francophone, avec un produit intérieur brut prévu à 44,7 milliards de dollars cette année-là, selon la Banque africaine de développement. Malgré une crise financière, le premier producteur de cuivre du continent devrait connaître une croissance de 2,4%.

La Côte d’Ivoire arrive en deuxième position, avec une économie qui pourrait franchir les 38 milliards de dollars en 2017. Touchée par la chute des cours du cacao, elle devrait cependant enregistrer l’une des plus fortes croissances économiques au monde.

Suivent le Cameroun (plus de 32 milliards de dollars de PIB), le Sénégal (17 milliards), le Gabon (16 milliards), l’île Maurice (14,4 milliards) et le Burkina Faso (14,2 milliards). Le Mali, le Bénin et Madagascar ferment le top 10 des économies d’Afrique subsaharienne francophone, avec des PIB compris entre 10 et 14 milliards de dollars.

Les principaux défis

Malgré ces atouts, l’Afrique fait face à d’importants défis économiques :

  • Une forte dépendance aux exportations de matières premières (pétrole, minerais…), génératrices de volatilité et susceptibles de provoquer le « syndrome hollandais ».
  • Un déficit chronique d’infrastructures dans des secteurs clés comme l’énergie et les transports.
  • Des questions de gouvernance économique et de corruption qui minent certains pays.
  • La prégnance du secteur informel, échappant à l’impôt et freinant le développement.
  • Des niveaux de pauvreté élevés : 47% des Africains vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.

Le boom démographique, risque ou opportunité ?

Avec une croissance démographique record et une population qui devrait doubler d’ici 2050, l’Afrique suscite des analyses contrastées. Certains économistes redoutent une pression excessive sur les services publics et les ressources. D’autres y voient au contraire l’opportunité d’un boom de la consommation intérieure et de l’épargne locale, si les politiques économiques appropriées sont mises en œuvre.

La thèse du « dividende démographique »

Selon la Banque mondiale, la transition démographique de l’Afrique pourrait être une chance à saisir. L’exemple asiatique montre qu’à partir d’un certain stade, la baisse du taux de dépendance (rapport inactifs/actifs) libère des ressources pour financer la croissance économique et le développement.

L’urbanisation croissante crée également des marchés solvables pour les agricultures locales. Et la progression des classes moyennes, moins fécondes, favorise la transition démographique par un effet d’entrainement.

La crainte d’un « suicide démographique »

Des économistes plus pessimistes redoutent un « suicide démographique » et des politiques malthusiennes. Ils soulignent que la transition démographique est loin d’être acquise et que les taux de dépendance demeurent encore très élevés. Les investissements colossaux requis dans l’éducation et les infrastructures pour accompagner cette transition font aussi défaut.

L’Afrique, un nain commercial qui s’ignore ?

Souvent perçu comme « marginal » dans la mondialisation, le continent africain y est pourtant intégré de longue date, comme en atteste l’histoire :

  • Dès l’Antiquité, les Phéniciens et Carthaginois en font une plaque tournante du commerce méditerranéen.
  • Au Moyen-Âge, l’or du Monomotapa transite par les ports de l’Afrique de l’Est vers l’Inde et la Chine
  • À la Renaissance, les royaumes côtiers africains prospèrent grâce à la traite négrière.
  • À l’époque coloniale, les puissances européennes se disputent âprement le partage de l’Afrique et de ses richesses.

Certes, le poids du continent dans le commerce mondial est aujourd’hui plus modeste, de l’ordre de 3%. Mais son dynamisme retrouvé et l’émergence d’une classe moyenne en font un partenaire à ne pas sous-estimer, comme l’ont bien compris la Chine ou l’Inde.

L’Afrique, avenir de la Francophonie économique ?

Sur le plan linguistique, la progression du français sur le continent (+60% d’apprenants entre 1990 et 2002) en fait la 2e langue la plus parlée en Afrique, continent qui comptera 700 millions de francophones en 2050.

Cet essor démographique et économique confère à la Francophonie des opportunités certaines à condition de renforcer son attractivité culturelle et économique, face à la concurrence grandissante de l’anglais. L’enjeu est également d’intégrer davantage les pays francophones africains aux chaînes de valeur mondiales.

Conclusion

L’Afrique possède des atouts certains grâce à ses ressources, sa population et sa croissance. Mais les défis sont immenses pour le continent et aucune fatalité ne condamne son retard économique, comme le montrent les exemples du Botswana, de Maurice ou du Rwanda. Redressement des infrastructures, lutte contre la corruption, meilleure gouvernance politique et économique : les priorités sont connues pour libérer le potentiel de ce géant économique en devenir et assurer le bien-être de ses populations.

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