- Mythe: le multitâche augmente la productivité.
- Réalité: le cerveau bascule entre les tâches, avec un coût cognitif mesurable.
- Action: réduire les interruptions et privilégier le monotasking pour une efficacité durable.
On croit souvent qu’empiler les tâches — répondre aux emails en réunion, traiter un rapport pendant une visio, accepter un appel tout en relisant un document — est synonyme d’efficacité. Ce récit flatte l’ego et rassure l’urgence du quotidien. Pourtant, la science cognitive et des études récentes montrent une autre vérité: ce que l’on nomme « multitâche » est généralement du task switching, une alternance rapide entre activités qui coûte du temps, de la concentration et de la qualité.
Pour l’illustrer, prenons Sophie, manager dans une PME numérique. Sa journée ressemble à un ruban d’interruptions : notifications, réunions impromptues, demandes ad hoc. En apparence, Sophie coche beaucoup de cases. En réalité, elle repart souvent avec des tâches à moitié finies, une créativité émoussée et une fatigue cognitive notable. Ce texte déconstruit ce mythe, explique pourquoi il persiste et donne des pistes concrètes pour retrouver une gestion du temps qui améliore vraiment la productivité.

Multitâche et productivité : mythe, origine et réalité
Le multitâche paraît être un talent moderne. Mais d’où vient cette croyance et pourquoi elle perdure malgré les données ?
- Origine technique : analogie entre ordinateurs multitâches et cerveau humain.
- Renforcement social : valorisation de la réactivité et du « toujours disponible ».
- Expérience subjective : sensation d’accomplissement immédiat.
| Élément | Ce qu’on croit | Ce que montre la recherche |
|---|---|---|
| Capacité humaine | Exécuter plusieurs tâches en parallèle | Le cerveau switche, il ne traite pas plusieurs tâches cognitives complexes simultanément |
| Gain de temps | On travaille plus vite | Chaque switch impose un coût : perte de temps et baisse de qualité |
| Formation | On devient meilleur en multitâche | Les « multitaskers chroniques » filtrent moins l’information et sont moins performants |
La croyance s’est alimentée dès les débuts de l’informatique, où le multitâche machine a servi de métaphore flatteuse pour le cerveau humain. Cette analogie a survécu à l’épreuve des faits : il s’agit d’une fausse croyance persistant dans les pratiques managériales et les modes de travail.

Origine historique et culturelle du mythe du multitâche
L’évolution technologique — emails, messageries instantanées, outils collaboratifs — a naturalisé la dispersion attentionnelle. Les entreprises ont parfois confondu disponibilité et performance.
- Années 60 : informatique et multitasking des machines.
- Années 2000-2020 : explosion des notifications et travail en réseaux.
- 2020-2025 : cognition et recherches neuroscientifiques qui remettent en cause l’efficacité du multitâche.
| Période | Développement | Conséquence culturelle |
|---|---|---|
| 1960 | Multitasking informatique | Metaphore cerveau=ordinateur |
| 2000-2015 | Explose des outils numériques | Valorisation de la réactivité |
| 2015-2025 | Études en cognition | Remise en cause des mythes, promotion du monotasking |
Insight : la métaphore machine a beau être séduisante, elle conduit à des pratiques contraires à l’optimisation réelle de la performance.
Effets du multitâche sur la cognition, la concentration et la performance
Les effets sont documentés : pertes de concentration, augmentation des erreurs, charge cognitive accrue et impact sur la mémoire de travail. Les recherches rendent la situation claire — et inquiétante.
- Coût du switch : temps perdu pour se reconcentrer (environ 23 minutes selon certaines études).
- Diminution de la mémoire de travail : encodage et rappel moins efficaces.
- Surcharge émotionnelle : hausse du cortisol et fatigue mentale.
| Effet | Conséquence | Preuve clé |
|---|---|---|
| Perte d’attention | Augmentation du temps d’exécution | Étude UC Irvine : ~23 minutes pour retrouver la concentration |
| Erreurs accrues | Baisse de la qualité des livrables | Journal of Experimental Psychology : multitasking ralentit et augmente les erreurs |
| Stress | Augmentation du cortisol, baisse du QI temporaire | Recherche université de Londres : baisse cognitive équivalente à une nuit blanche |
Exemple concret : Sophie tente d’écrire un rapport stratégique en sursautant entre Slack et sa boîte mail. Résultat : brouillons multiples, idées peu structurées et une séance de relecture trois fois plus longue. La gestion du temps s’en ressent, ainsi que la capacité à prendre des décisions claires.

Impact sur la créativité, la mémoire et la prise de décision
La créativité exige un espace mental pour faire des connexions. Le multitâche fragmente cet espace et empêche l’émergence d’idées originales.
- Créativité diminuée par fragmentation cognitive.
- Décisions plus hâtives et moins nuancées.
- Relations professionnelles détériorées par l’absence d’attention.
| Dimension | Effet du multitâche | Solution ciblée |
|---|---|---|
| Créativité | Empêchée par les interruptions | Blocs de travail ininterrompus (deep work) |
| Qualité relationnelle | Sous-estimation par interlocuteurs | Écoute active et réunions sans écrans |
| Mémoire | Diminution de l’encodage | Monotasking et prise de notes structurée |
Insight : la fragmentation attentionnelle n’est pas un détail — elle grignote la qualité des idées et la robustesse des décisions.
Pourquoi le multitâche nuit à la productivité au travail
Sur le plan opérationnel, le multitâche coûte du temps et augmente les erreurs. Sur le plan humain, il use les collaborateurs et fragilise la relation de travail. Les entreprises perdent en performance et en engagement.
- Perte de temps cumulative liée aux interruptions répétées.
- Risque accru d’erreurs et de livrables dégradés.
- Effet toxique sur la culture d’équipe et le leadership.
| Problème | Conséquence organisationnelle | Indicateur à surveiller |
|---|---|---|
| Interruptions fréquentes | Allongement des délais | Taux de tâches inachevées quotidiennement |
| Réactivité valorisée | Présence en ligne > qualité | Feedbacks 360° sur la qualité des échanges |
| Culture du multitâche | Baisse du leadership empathique | Niveau d’engagement et turnover |
Illustration pratique : une équipe IT qui multiplie les réunions et messages perd du temps à synchroniser. Pour réduire ce bruit numérique, il faut parfois poser des décisions techniques claires — et si besoin, consulter un guide pratique pour choisir le bon équipement ou la bonne organisation. Par exemple, revoir les critères pour sélectionner un ordinateur portable adapté au travail concentré peut réduire les micro-interruptions liées à des outils inadaptés.

Conséquences managériales et culturelles
Le multitâche altère la qualité des interactions : répondre à un message pendant qu’un collaborateur parle envoie un signal négatif. Cela mine la confiance et la sécurité psychologique.
- Impact sur la crédibilité managériale.
- Moindre reconnaissance des efforts des collaborateurs.
- Augmentation du stress collectif.
| Comportement | Message perçu | Remède |
|---|---|---|
| Regarder son téléphone en réunion | Désintérêt | Réunions sans écrans, règles claires |
| Répondre aux emails en continu | Priorité à la réactivité | Batching et plages email dédiées |
| Acceptation d’interruptions | Culture de l’urgence | Formation à la gestion du temps |
Insight : pour gagner en productivité, il faut reconfigurer les routines et les outils, pas seulement demander aux gens d’être « plus efficaces ».
Stratégies pratiques pour abandonner le multitâche et améliorer la productivité
Passer du mythe à la réalité opérationnelle demande des méthodes concrètes. Voici des techniques éprouvées, faciles à tester, qui recentrent l’attention et restaurent la qualité du travail.
- Time blocking : réserver des plages horaires dédiées pour les tâches importantes.
- Batching : regrouper les tâches similaires (emails, appels) en créneaux définis.
- Pomodoro / 90-30 : rythmes de travail pour garder la concentration.
| Méthode | Principe | Quand l’utiliser |
|---|---|---|
| Time blocking | Blocs ininterrompus dédiés | Tâches stratégiques et travail en profondeur |
| Batching | Regrouper tâches similaires | Emails, appels, tâches administratives |
| Pomodoro | 25/5 pour maintenir attention | Sessions courtes et intenses |
Exemples concrets et outils: bloquer deux créneaux email par jour, activer le mode « Ne pas déranger » pendant les sessions deep work, et augmenter la friction pour les distractions (suppression d’un raccourci, deconnexion d’une app). Pour les équipes IT, revoir les infrastructures (par ex. migration ou choix de serveurs) peut diminuer les pannes et interruptions : consulter un dossier sur les serveurs bare metal aide à comprendre si la solution technique soutient la concentration.

Plan d’action à 30 jours pour tester le monotasking
Un plan simple permet d’évaluer l’impact :
- Jour 1-3 : mesurer le nombre d’interruptions quotidiennes.
- Jour 4-10 : appliquer time blocking + Pomodoro et désactiver notifications.
- Jour 11-30 : évaluer qualité du travail, stress, et ajuster les routines.
| Période | Action | Résultat attendu |
|---|---|---|
| 1-3 jours | Audit interruptions | Baseline mesurable |
| 4-10 jours | Implémentation d’un bloc de 90 minutes | Meilleure concentration, moins d’erreurs |
| 11-30 jours | Optimisation et culture d’équipe | Amélioration durable de la productivité |
Astuce pratique : si la vie professionnelle implique une forte réactivité, structurer la réactivité en canaux clairs et limiter le reste du temps la consultation des messages. Pour la sécurité des communications sensibles, un guide pour savoir si son adresse mail a été piratée est utile afin d’éviter les interruptions liées aux incidents : comment détecter un piratage de mail.
Insight : la transition vers le monotasking est un investissement : moins d’interruptions, plus de qualité, une performance qui dure.
Ressources et liens pratiques pour approfondir
Pour aller plus loin, il est utile d’explorer des lectures, guides pratiques et outils permettant d’améliorer la gestion du temps et la concentration.
- Articles pratiques pour l’équipement et les outils : choisir un ordinateur portable et les tablettes tactiles.
- Conseils de productivité appliqués au quotidien : organisation ménagère (oui, la vie perso impacte la concentration au boulot).
- Cas pratiques et techniques : analyse critique et données sur les mythes numériques.
| Type de ressource | Utilité | Exemple |
|---|---|---|
| Outils | Réduire les interruptions | Apps de blocage, gestionnaire de tâches |
| Lectures | Comprendre la cognition | Articles scientifiques et synthèses |
| Formation équipe | Changer la culture | Ateliers monotasking |
Insight : concilier technologie et attention passe par des choix d’outils, d’organisation et de culture. L’illusion du multitâche est tenace, mais les mécanismes pour la corriger existent et sont pragmatiques.
Le multitâche est-il totalement inefficace ?
Non. Pour des tâches très simples et automatiques, il est possible d’alterner. En revanche, pour des activités cognitives complexes, le multitâche génère un coût de changement qui réduit la qualité et la vitesse d’exécution.
Comment mesurer l’impact des interruptions dans mon travail ?
Commencer par un audit de 3 jours : noter chaque interruption, sa durée et la tâche interrompue. Cela fournit une baseline pour tester des méthodes comme le time blocking et le batching.
Les techniques comme Pomodoro fonctionnent-elles vraiment ?
Oui, elles aident à reconditionner le cerveau à des périodes de concentration et à structurer la récupération. L’efficacité dépend de la discipline et de l’adaptation au type de tâche.
Peut-on former une équipe au monotasking ?
Absolument. Commencer par l’exemplarité managériale, formaliser des plages sans interruption et valoriser la qualité des livrables plutôt que la disponibilité en ligne.
Que faire si mon poste exige une grande réactivité ?
Structurer la réactivité : canaux dédiés aux urgences, plages de disponibilité, et une personne pivot pour filtrer les sollicitations. Cela protège les plages de travail profond pour les tâches à haute valeur ajoutée.
