Chaque début d’année, la revue Prescrire offre un éclairage précieux pour les patients et professionnels de santé en publiant une liste de médicaments jugés “plus dangereux qu’utiles”. En 2019, cette liste noire s’est enrichie de nouvelles entrées, notamment deux traitements très courants dans les foyers français : le Toplexil, un antitussif sedatif, et le Décontractyl, un myorelaxant. Cette revue indépendante critique sévèrement ces spécialités ainsi que d’autres, soulignant leurs effets secondaires disproportionnés face à leur apport thérapeutique limité.
Aujourd’hui, dans un contexte où la consommation médicamenteuse est massive et parfois mal évaluée, comprendre ces recommandations est vital. Elles visent à protéger les patients des risques superflus et à encourager une approche plus raisonnée et prudente de la médecine. Cette liste 2019 permet ainsi d’interroger en profondeur l’utilité réelle de certains produits comme le Ketum, le Primperan, ou encore le Nizoral, souvent prescrits sans précaution suffisante.
Évaluation critique des médicaments antitussifs et myorelaxants : pourquoi Prescrire s’alarme
Certains médicaments très répandus en pharmacie sont régulièrement remis en cause pour leur efficacité contestable et leurs effets secondaires notoires. Le Décontractyl, dont la substance active est la méphénésine, est censé soulager les contractures musculaires douloureuses. Toutefois, Prescrire révèle que son efficacité n’est pas prouvée supérieure à un placebo. Cette absence de bénéfice réel vient mettre en lumière un paradoxe fréquent en pharmacologie : l’usage continu d’un produit malgré un faible intérêt thérapeutique, avec à l’inverse un risque notable d’effets indésirables.
Les risques du Décontractyl ne s’arrêtent pas à la forme orale. Utilisé sous forme de baume, il peut provoquer des réactions cutanées sévères, souvent sous-estimées par les patients et parfois par les professionnels. Ce danger explique qu’il figure désormais dans la catégorie des spécialités à éviter, signalant qu’il existe des alternatives plus sûres pour gérer la douleur musculaire.
Quant au Toplexil, un sirop antitussif à base d’oxomémazine, son action sédative est mise en avant comme un des inconvénients majeurs. Ce médicament engendre somnolence, baisse de vigilance et d’autres troubles neuropsychiques comme des troubles de mémoire, vertiges voire confusion. Dans une société où la vigilance est cruciale, notamment pour la conduite ou la manipulation de machines, ce profil n’est plus tolérable pour un produit vendu en automédication.
- Décontractyl : efficacité douteuse et risques d’hypersensibilité cutanée
- Toplexil : sédation et troubles neurologiques multiples
- Alternatives recommandées : approches non médicamenteuses ou autres médicaments plus sûrs
| Médicament | Indication courante | Effets indésirables importants | Recommandation Prescrire |
|---|---|---|---|
| Décontractyl (méphénésine) | Contractures musculaires | Somnolence, vomissements, réactions cutanées graves | Éviter, alternatives préférées |
| Toplexil (oxomémazine) | Toux sèche | Sédation, troubles de mémoire, vertiges | Éviter, prudence recommandée |

Les gastro-entérologiques sous surveillance : cimétidine et alternatives plus sûres
Le traitement des brûlures d’estomac et du reflux œsophagien mobilise souvent des médicaments de la famille des antihistaminiques H2. La cimétidine, bien que longtemps utilisée, est pointée du doigt par Prescrire pour son profil d’interactions médicamenteuses qui dépasse largement celui d’autres représentants de la classe comme la ranitidine, désormais retirée de certains marchés pour d’autres raisons sanitaires.
L’absence de surveillance attentive dans l’association des traitements peut entacher la sécurité des patients, surtout ceux souffrant de maladies chroniques avec traitement poly-médicamenteux. La revue indépendante souligne que malgré sa prescription encore fréquente, la cimétidine pose un risque accru d’interactions néfastes qui pourrait être évité avec d’autres options mieux tolérées.
Cette alerte rappelle que, même parmi des produits bien établis comme le Doliprane, souvent perçu comme inoffensif, la vigilance doit exister dans toute prescription. L’objectif est d’éviter d’aggraver des syndromes sous-jacents ou de créer des effets secondaires inutiles.
- Cimétidine : interactions médicamenteuses nombreuses
- Alternatives : ranitidine (limité par ailleurs), inhibiteurs de la pompe à protons
- Importance du suivi régulier et ajustement des traitements
| Médicaments H2 | Principaux risques | Alternatives possibles |
|---|---|---|
| Cimétidine | Interactions médicamenteuses multiples | Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), autres antihistaminiques |
| Ranitidine | Retrait progressif pour autres raisons | IPP, modifications hygiéno-diététiques |
Les traitements locaux et topiques : pommade rectale au trinitrate de glycéryle et risques sous-estimés
Rectogesic est une pommade contenant du trinitrate de glycéryle destinée au traitement des fissures anales. Malgré son utilisation fréquente, Prescrire déconseille son emploi en raison de son efficacité faible couplée à un niveau d’effets secondaires disproportionnés. Le mal de tête intense rapporté par de nombreux patients est un obstacle majeur au confort et à la tolérance de ce produit.
Cette réévaluation invite les patients et les médecins à reconsidérer les modalités de prise en charge des affections anales souvent douloureuses. L’usage systématique de Rectogesic est remis en question, au profit de techniques alternatives non médicamenteuses ou de traitements topiques mieux tolérés et ayant démontré une meilleure efficacité.
Des stratégies complémentaires, notamment les conseils hygiéno-diététiques, jouent aussi un rôle fondamental pour diminuer la douleur et favoriser la cicatrisation.
- Rectogesic : faible efficacité et maux de tête fréquents
- Alternatives : soins locaux adaptés, hygiène rigoureuse
- Approche multidisciplinaire pour confort et guérison
| Traitement | Indication | Effets indésirables notables | Recommandation |
|---|---|---|---|
| Rectogesic (trinitrate de glycéryle) | Fissures anales | Maux de tête, hypotension | À éviter, alternatives à privilégier |

Ulipristal et acide obéticholique : controverses dans les traitements spécialisés
L’ulipristal à 5 mg (Esmya) est un médicament utilisé en gynécologie pour le traitement des tumeurs bénignes de l’utérus. Malgré son efficacité reconnue, la revue Prescrire l’invite à la prudence à cause de risques hépatiques sérieux et d’effets secondaires qui justifient un usage très restrictif. Il existe un appel clair à un suivi médical rigoureux et à une évaluation précise de la balance bénéfices-risques avant toute prescription.
De même, l’acide obéticholique (Ocaliva), un traitement gastro-entérologique dédié à certaines affections du foie, est pointé du doigt pour sa dangerosité potentielle et un profil d’effets secondaires préoccupants. Ces deux exemples illustrent combien même les traitements spécialisés peuvent présenter des risques importants lorsque leur usage est mal maîtrisé ou appliqué à des populations non adaptées.
- Esmya : risques hépatiques, nécessité d’un suivi strict
- Ocaliva : effets secondaires importants, surveillance renforcée
- Utilisation limitée aux indications précises et suivi médical adéquat
| Médicament | Usage | Risques majeurs | Consignes Prescrire |
|---|---|---|---|
| Esmya (ulipristal) | Fibromes utérins | Atteintes hépatiques sévères | Réservé, suivi nécessaire |
| Ocaliva (acide obéticholique) | Maladies du foie | Effets secondaires graves | Réservé aux cas spécifiques avec contrôle |
Le rôle crucial de la naloxone pour lutter contre la crise des opioïdes : innovations en 2019
Au-delà de la liste noire, le bilan annuel de Prescrire met aussi en lumière les avancées pharmaceutiques méritant d’être saluées. En 2019, aucun progrès thérapeutique majeur n’a été identifié. Cependant, deux médicaments à base de naloxone ont été distingués. Ce puissant antidote aux surdoses d’opioïdes est désormais disponible sous forme de spray nasal (Nalscue) et de seringue d’injection intramusculaire (Prenoxad), facilitant l’accès rapide par les proches ou les usagers eux-mêmes.
La délégation de cet antidote au grand public est une réponse concrète à la crise sanitaire liée à la surconsommation d’opioïdes, particulièrement dans de nombreux pays occidentaux. Cette mesure pourrait bien réduire significativement la mortalité liée aux overdoses, notamment chez les populations les plus vulnérables.
- Nalscue et Prenoxad : accessibilité facilitée
- Spray nasal et injection intramusculaire à disposition des usagers et de l’entourage
- Potentiel de réduction importante des décès par overdose
| Produit | Forme | Indication | Avantage principal |
|---|---|---|---|
| Nalscue | Spray nasal | Surdose d’opioïdes | Usage proche et rapide |
| Prenoxad | Injection intramusculaire | Surdose d’opioïdes | Facilité d’administration par entourage |
Les médicaments courants fréquemment prescrits en 2019 à réévaluer pour patient sécurité
La revue Prescrire invite également à regarder de manière critique des produits aussi banals que le Doliprane, largement utilisé pour ses vertus analgésiques et antipyrétiques. Le respect strict des doses et une vigilance lors d’affections chroniques sont cependant nécessaires pour limiter les risques hépatiques connus. Par ailleurs, des médicaments comme le Motilium, souvent prescrits pour des troubles digestifs, ou le Ketum, un anti-inflammatoire, sont remis en question quant à leur sécurité et tolérance.
Le Nizoral, un antifongique utilisé dans diverses affections cutanées, requiert également une attention soutenue en raison de certains effets secondaires au long cours. Primperan, un antiémétique, est sujet à controverse notamment chez les personnes âgées, avec des données émergentes pointant des risques accrus.
Cette réévaluation collective traduit une tendance lourde en médecine : remettre en cause des habitudes installées par-delà la force des ventes et la routine de prescription. Une démarche indispensable pour mieux prévenir les accidents médicamenteux et privilégier une consommation réfléchie et sécurisée.
- Doliprane : vigilance sur les doses et hépatotoxicité
- Motilium : prudence sur usages prolongés
- Ketum : risques d’effets secondaires graves
- Nizoral : surveillance nécessaire pour traitements prolongés
- Primperan : risques accrus chez les seniors
- Actifed, Smecta, Pepsane, Vastarel : évaluation continue recommandée
| Médicament | Indication | Principaux risques | Conseils Prescrire |
|---|---|---|---|
| Doliprane (paracétamol) | Douleur, fièvre | Atteinte hépatique à forte dose | A respecter strictement, surveillance nécessaire |
| Motilium (dompéridone) | Troubles digestifs | Effets cardiovasculaires | Utilisation prudente et limitée |
| Ketum (kétoprofène) | Anti-inflammatoire | Effets indésirables digestifs et cardiovasculaires | Prudence importante |
| Nizoral (kétonazole) | Antifongique | Risque hépatique et interactions | Surveillance requise |
| Primperan (métoclopramide) | Antiémétique | Effets extrapyramidaux | À éviter chez les personnes âgées |
| Actifed, Smecta, Pepsane, Vastarel | Divers usages | Effets variables, nécessite évaluation | À surveiller attentivement |

Alternatives efficaces et sécuritaires face aux médicaments à éviter en 2019
Au cœur de la problématique des médicaments à éviter, c’est la qualité des alternatives qui oriente les recommandations. Prescrire insiste sur la nécessité de privilégier des traitements mieux évalués, moins risqués et souvent plus efficaces à long terme. Pour les douleurs musculaires, d’autres myorelaxants avec meilleur profil de tolérance ou des approches non médicamenteuses (kinésithérapie, techniques de relaxation) doivent être explorées.
En milieu gastro-intestinal, les inhibiteurs de la pompe à protons représentent fréquemment une alternative pertinente au traitement par antihistaminiques H2 tels que la cimétidine. À cela s’ajoute une hygiène de vie adaptée : alimentation fractionnée, évitement des aliments irritants, etc. Parfois, de simples mesures peuvent éviter le recours systématique aux médicaments, ce qui diminue les risques de surmédication et interactions.
Enfin, face aux antifongiques ou anti-inflammatoires déconseillés, il existe des formules topiques spécifiques ou des solutions phytothérapiques validées, mais toujours à envisager en concertation avec un professionnel de santé.
- Prise en charge non médicamenteuse priorisée
- Prescription avisée avec sélection rigoureuse
- Suivi médical régulier et adaptation individualisée
| Situation clinique | Alternatives recommandées | Avantages |
|---|---|---|
| Contractures musculaires | Kiné, relaxation, myorelaxants sûrs | Moins d’effets secondaires |
| Reflux gastro-œsophagien | IPP, conseils hygiéno-diététiques | Moins d’interactions, meilleure tolérance |
| Infections fongiques | Traitements topiques adaptés, phytothérapie | Moins de toxicité hépatique |
Informer et éduquer le public : une nécessité pour un usage raisonné des médicaments
La publication régulière de la liste noire par Prescrire est un outil majeur d’information visant à sensibiliser patients et professionnels de la santé. Pourtant, la diffusion et la compréhension de ces données restent limitées. Un effort constant est nécessaire pour vulgariser ces recommandations et expliquer pourquoi certains médicaments, bien qu’autorisés, ne sont pas conseillés.
Dans cette perspective, il est essentiel d’impliquer les professionnels de santé dans une démarche transparentes et pédagogique. Ils ont un rôle critique pour expliquer, rassurer et accompagner les patients vers des choix thérapeutiques plus sûrs. Les campagnes d’information grand public, ainsi que l’intégration de ces données dans les formations médicales, doivent être renforcées pour éviter que des produits comme le Primperan ou le Ketum ne soient prescrits hors indications ou à risque.
Par ailleurs, les discussions autour des alternatives, comme celles mentionnées sur des plateformes reconnues engagées pour la santé publique, par exemple Tatoufaux, jouent un rôle complémentaire dans la formation d’une opinion bien informée.
- Dissémination des données indépendantes
- Formation continue pour prescripteurs
- Dialogue constructif avec les patients
- Accès facilité à l’information claire et compréhensible
| Public cible | Moyens d’information | Objectifs |
|---|---|---|
| Patients | Articles, conférences, médias | Comprendre risques et alternatives |
| Professionnels de santé | Formations, séminaires, revues spécialisées | Meilleure prescription et suivi |
| Grand public | Campagnes numériques et sociales | Sensibilisation globale |
FAQ : réponses aux interrogations fréquentes concernant les médicaments à éviter selon Prescrire
- Pourquoi certains médicaments sont-ils autorisés mais déconseillés par Prescrire ?
Un médicament peut être autorisé à la commercialisation mais ne pas présenter un bénéfice suffisant par rapport à ses risques. Prescrire évalue ces critères et alerte sur ceux dont les effets secondaires sont disproportionnés. - Le Doliprane est-il vraiment sûr ?
Le Doliprane (paracétamol) reste un analgésique de première intention mais doit être utilisé strictement selon les doses recommandées pour éviter des risques hépatiques graves. - Existe-t-il des substituts efficaces au Décontractyl pour les douleurs musculaires ?
Oui, des myorelaxants mieux tolérés ou des méthodes non médicamenteuses comme la kinésithérapie sont souvent préférables. - Pourquoi faut-il éviter le Primperan chez les personnes âgées ?
Chez les seniors, le métoclopramide (Primperan) peut provoquer des effets secondaires neurologiques sévères, ce qui conduit Prescrire à le déconseiller dans cette population. - Comment s’informer régulièrement sur la sécurité des médicaments ?
Consultez les publications indépendantes comme celles de Prescrire, suivez les sites spécialisés comme Tatoufaux et demandez conseil à votre professionnel de santé.
